Fin de vie des textiles professionnels : quelles solutions ?

Certaines activités génèrent des tonnages importants de textiles qui partent bien souvent à la benne. Chutes de production, emballages, produits finis avec défaut, invendus… quelles filières de valorisation existent aujourd’hui ?

1/ La réutilisation

La première réflexion à avoir reste la réutilisation en l’état : ces textiles peuvent-ils être réintroduits dans mon process, ou le process d’une autre industrie ? Mes produits finis (vêtements de travail par exemple) peuvent-ils être revendus sur un marché de l’occasion, après peut être un pré-traitement (enlèvement du marquage…) ? Quels acteurs peuvent m’aider à cela ? (L’Economie Sociale et Solidaire est un vivier d’idées à ce sujet, pensez à consulter votre réseau local !

2/ La valorisation matière

Après broyage il est possible de valoriser les textiles qui seront alors utilisés par d’autres entreprises en tant que matières premières, pour éviter leur incinération ou mise en décharge.

Le nerf de la guerre est comme toujours la qualité : les textiles doivent être séparés par matières. Les produits contentant un mélange de polyester et de coton par exemple sont un véritable frein pour ces filières.

 

Quelques exemples d’utilisation des textiles :

Après collecte, tri et préparation de ces textiles ils peuvent être utilisés pour :

– l’essuyage industriel, favorisé par des tissus en coton classés par couleur et débarrassés des boutons,

– l’effilochage (laines et tissus divers) qui permet d’obtenir des matériaux recyclables dans le neuf (fabrication de couverture, moquette…) ou utilisables en isolation thermique.

– la filature à partir de fibres recyclées.

– la fabrication de certaines sortes de papiers (papiers spéciaux fabriqués à partir de chiffons pur coton, lin et chanvre) et cartons (par exemple support en feutre pour toiture bitumée).

 

S’il existe des acteurs avec des process d’effilochage pour la confection de balles de matières pour la revente et l’utilisation dans la fabrication de coproduits et éco matériaux*, là encore, ne sont concernées que des matières issues de fibres naturelles, monomatières, sans produits polluants et/ou des chutes industrielles.

 

* Par exemple les isolants écologiques en laine de coton recyclée proviennent des vêtements déposés chez Emmaüs ou du recyclage des matières premières de l’industrie. 85 % des vêtements collectés par « Le Relais », membre du réseau Emmaüs, sont revendables en l’état, les 15 % restants seront recyclés pour produire des isolants (panneaux et rouleaux). Le surplus, non valorisable, de laine industrielle, sert à produire de l’isolant (laine et/ou coton) en vrac.

 

Cependant, il existe un petit marché pour la vente de balles de tissus effilochés mixtes (polyester/coton), et les nombreux développements réalisés par les acteurs de la fabrication des éco matériaux laissent imaginer une augmentation du potentiel de cette filière dans les prochaines années.

Les balles de bourre de tissus effilochés mixtes (polyester/coton) ont une valeur sur le marché plus faible que la du monomatériaux, mais une valeur de rachat néanmoins.

 

3/ La filière CSR (cimenteries)

 

Le procédé permet de valoriser intégralement les déchets, sous forme de production de chaleur et de récupération de matière.

La filière des combustibles solides de récupération (CSR) est encore marginale en France. Aujourd’hui, le recours aux CSR se limite en France à un peu plus de 100.000 tonnes par an brûlées quasi exclusivement en cimenterie, contre plus de 2 millions de tonnes en Allemagne.

1,4 TONNES DE CSR = 1 TONNE DE CHARBON ECONOMISE

 

Les CSR sont destinés principalement aux cimenteries ou à des unités de production d’énergie.

 

Les atouts de cette filière :

– Double valorisation : Energétique et matière

– Valorisation à 100 %

– Filière exonérée de T.G.A.P. (Taxe Générale sur les Activités Polluantes)

– Coût de traitement légèrement en dessous du tarif du DIB

 

La contrainte : les textiles doivent être exempts de pièces en PVC, rigoureusement interdits dans la filière.

 

Un éco organisme pour les textiles PRO ?

La réflexion est en cours mais peine à trouver son modèle économique. Les difficultés sont nombreuses, avec notamment des modalités logistiques à imaginer (comment rassembler des tonnages suffisants pour pérenniser un modèle ?) et techniques (comment séparer à moindre coûts les textiles par matériaux ?).

 

Comme bien souvent rien n’est parfait mais il est néanmoins possible d’avancer, notamment dès que les volumes sont importants : alors si vous êtes un acteur important en termes de tonnages, n’hésitez plus et menez une étude : vos textiles peuvent sans nul doute éviter la décharge !