14,5 millions de tonnes de déchets ont été traité en 2020 dans les 116 unités d’incinération françaises avec récupération d’énergie. Ces tonnes de déchets incinérés sont en majorité générées par les ménages et les collectivités locales.
L’incinération consiste en une combustion des déchets à haute température avec oxygène dans des fours, permettant de réduire le volume des déchets. Cette pratique est couramment utilisée en France comme alternative à l’enfouissement des déchets dans les décharges. Cette méthode de gestion des déchets possède des avantages certains tels que :
– Le processus d’incinération génère de la chaleur, qui peut être directement réinjectée dans les réseaux de chaleurs urbains ou transformée en électricité. L’énergie produite en 2020 par ce procédé est évaluée à 15 285 GWh (10 965 GWh d’énergie thermique, 4 320 GWh d’énergie électrique et 3 214 GWh autoconsommés). L’incinération constitue ainsi le principal mode de production d’énergie à partir des déchets (68% de l’énergie produite par le traitement des déchets en 2020 selon l’ADEME), devant la méthanisation et la valorisation de biogaz de décharges.
– L’incinération permet la réduction du volume des déchets, soulageant ainsi les décharges.
– L’incinération permet la réduction des Émissions de Gaz à Effet de Serre : Les installations modernes d’incinération sont équipées de systèmes de contrôle des émissions, ce qui réduit la libération de gaz à effet de serre par rapport aux décharges non contrôlées.
Bien que générateur d’énergie, l’incinération a également des conséquences environnementales négatives et des inconvénients, tels que :
– La production de plus de 14,5 millions de tonnes d’équivalent CO2, de polluants (particules fines, métaux lourds …) et de rejets aqueux. Les taux de polluants et les rejets sont encadrés par la loi (arrêté du 20 septembre 2002)
– La production de mâchefers ou cendres, représentant 18% des tonnages entrants, soit environ 2,6 millions de tonnes par an. Ces mâchefers sont aujourd’hui principalement réutilisés en sous-couche routière.
– La production de REFIOM (Résidus d’Epuration des Fumées d’Incinération des Ordures Ménagères), représentant environ 400 000 tonnes par an et classés comme déchets dangereux. Ces déchets doivent être éliminés dans des installations spécifiques de stockage de déchets dangereux.
– L’incinération peut entraver les efforts de recyclage en brûlant des matériaux qui pourraient être recyclés, ce qui aggrave la demande de ressources naturelles.
– Certains critiques soutiennent que l’incinération peut décourager la réduction des déchets à la source et la promotion de modes de consommation plus durables.
La construction et l’exploitation d’installations d’incinération sont coûteuses, ce qui peut détourner des ressources financières d’autres solutions plus durables.
C’est l’arrêté du 20 septembre 2002 qui régit les normes techniques à respecter par ces unités d’incinération : limites de polluants autorisés, traitement des fumées, mesure des rejets, etc. Ce texte définit également le seuil de rendement énergétique à partir duquel l’opération de traitement des déchets par incinération peut être qualifiée d’opération de valorisation. Certaines unités françaises n’atteignent pas ce seuil et par ailleurs, 2 unités ne produisent pas du tout d’énergie.
La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (ou Loi AGEC) ajoute quant à elle un objectif réglementaire visant à « assurer la valorisation énergétique d’au moins 70 % des déchets ne pouvant faire l’objet d’une valorisation matière d’ici 2025 ». Cet objectif, complété par un abaissement de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) pour les incinérateurs ayant un taux de valorisation énergétique supérieur à 70 %, encourage la filière incinération pour limiter la mise en décharge des déchets non dangereux.
Le stockage des déchets non dangereux doit diminuer fortement et atteindre un objectif de réduction de 50% en 2025 par rapport à 2010. Pour autant, l’incinération avec valorisation énergétique, bien que moins néfaste dans la hiérarchie des modes de traitement, ne doit pas être considérée comme un exutoire vertueux pour les déchets déviés du stockage. Ce mode de traitement, en plus des polluants qu’il génère, ne permet pas la préservation de la ressource, et doit ainsi être réservé aux déchets ne pouvant faire l’objet d’une réutilisation ou d’un recyclage.
Il sera donc intéressant de suivre l’évolution des tonnages traités en incinération, qui stagnent ces dix dernières années grâce aux efforts réalisés sur la prévention et la valorisation matière des déchets.