Le fort développement des élevages d’insectes sur le territoire français, porté par un contexte réglementaire favorable, a pour ambition de répondre aux futurs défis alimentaires via la production de protéines et de produits dérivés.
Moins coûteuse et plus écologique, la production d’insectes ouvre d’autre part une voie sans précédent pour la valorisation des biodéchets et coproduits issus de l’agriculture et des industries agroalimentaires, s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire.
Dans l’attente d’une autorisation Novel Food en alimentation humaine, on retrouve d’ores et déjà ces farines d’insectes dans les secteurs de l’alimentation animale (pet-food, aquaculture).
Riches en protéines, acides aminés et molécules diverses, les insectes comestibles contiennent tous les éléments nécessaires à la nutrition animale. Comparés à l’élevage animal classique, les insectes ont besoin de moins de nourriture, moins d’eau et moins d’espace. De plus lors de la transformation en poudre rien n’est perdu, les déjections constituants des amendements assimilables de bonne qualité.
Au-delà de cette production de protéines de haute qualité, l’atout incontournable de l’élevage d’insectes reste lié à son mode de nutrition.
En effet la capacité de transformation des biodéchets par les insectes type grillons, mouche soldat noir pour en citer quelques-uns est considérable. Les larves, très voraces, assimilent d’importantes quantités de biodéchets dans des temps courts (une larve va consommer 4 fois son poids en 1 dizaine de jour), bien plus rapide que le compostage qui nécessite des semaines voire des mois de maturation en fonction de la technique utilisée. Les synergies entre producteurs / industries agroalimentaires et les éleveurs d’insectes sont donc importantes.
Aujourd’hui les biodéchets, générés au cours de la production ou de la transformation pour la consommation humaine représentent un potentiel de plusieurs dizaines de millions de tonnes. Localisés sur l’ensemble du territoire français, ils pourraient permettre aux éleveurs d’insectes de bénéficier d’un gisement local tout en constituant une alternative au compostage et à la méthanisation (plus contraignants en termes règlementaires et sanitaires).
L’élevage d’insectes se positionne donc comme une solution prometteuse à deux niveaux :
Une production de matières consommables à haute valeur ajoutée et répondant aux problématiques liées à la raréfaction des ressources (moins de calories consommées par calorie produite) ;
Une alternative qualitative, locale et vertueuse pour la valorisation des coproduits issus de l’industrie agro-alimentaire ou de l’agriculture et les biodéchets.
Si la consommation d’insectes par l’Homme reste dans notre pays encore cantonnée à un horizon assez lointain, l’élevage d’insectes dans la prochaine décennie semble constituer un tournant majeur en ce qui concerne l’alimentation animale et la valorisation des déchets organiques.
Bruce Motte
Responsable R&D et Innovation