Le 8 décembre est la Journée Mondiale pour le Climat. Une journée, c’est peu ! Mais c’est beaucoup si cela fait avancer la prise de conscience et les initiatives…
Cette année encore, le bilan n’est pas réjouissant et les scénarios catastrophes se rapprochent. Quelques chiffres :
Global Carbon Project annonce à nouveau une augmentation des émissions de CO2 au niveau mondial. Ses projections pour l’année 2018 sont de l’ordre de +2,7%. Une statistique alarmante qui varie selon les pays : +4.7% pour la Chine, +6% pour l’Inde, +2.5% pour les Etats-Unis et une légère baisse de -0.7% pour l’Europe des 28 ;
La quantité de plastiques dans les océans et sur terre ne cesse d’augmenter, libérant, lors de sa dégradation, des gaz à effet de serre. Selon une étude de chercheurs de l’Université d’Hawaï, avec 8 milliards de tonnes de plastiques répandus sur terre et une production qui est prévue de doubler, l’impact de cette dégradation est significatif (en plus de la pollution qu’elle engendre pour les populations et la biodiversité) ;
Chaque année 350 millions de tonnes de déchets sont produits en France et environ 3.500 milliards au niveau mondial…
Parlons des déchets – puisque c’est notre métier !
LE TRAITEMENT DES DÉCHETS CONTRIBUE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Selon le CNIID (Centre National d’information Indépendant sur les déchets), le traitement des déchets est responsable de 3% des émissions totales de Gaz à Effet de Serre (GES) françaises. Mais l’association Zéro Waste est beaucoup plus pessimiste à cet égard et identifie différents points non comptabilisés dans les calculs. Et cela pose problème : l’Etat se base en effet sur ces calculs pour faire des choix en matière de gestion des déchets et notamment pour orienter les investissements, subventions et taxes permettant de favoriser telle ou telle filière de valorisation ou de traitement.
AVANT MEME SON TRAITEMENT, LE DÉCHET INDUIT DES GES
Le déchet est généré dès les premières étapes du cycle de vie d’un produit. Ainsi dès l’extraction et l’acheminement des matières premières, l’entreprise commence à produire des déchets auxquels sont associés des GES. Par exemple, les emballages permettant d’acheminer les matières vers leurs lieux de transformation seront rapidement transformés en déchets ; les boues, les produits non calibrés ou pas suffisamment qualitatifs auront tout de même demandé de l’énergie pour être extraits/récoltés – et être mis à l’écart ensuite. Sans compter le transport d’un bout à l’autre de la planète pour n’utiliser in fine qu’une partie de ce qui aura été acheminé.
C’est pour cela qu’un travail en amont est incontournable pour améliorer l’empreinte carbone des activités. Tendre vers le Zéro déchet permet non seulement de préserver la matière première mais aussi de réduire l’impact carbone de l’entreprise.
Ensuite, au moment des processus de production plus au moins énergivores, les entreprises vont générer une fois encore des déchets directement responsables de GES : ils auront en effet utilisé tout ou partie des process de l’entreprise et auront donc consommé de l’énergie pour être transformés (découpés, cuits, extrudés, mélangés, soudés…) ou transportés, bien qu’ils soient au final écartés. Diminuer son impact sur le climat nécessite donc aussi de travailler sur une juste utilisation des ressources, pour éviter tout gaspillage de matière et d’énergie sur des produits qui ne seront pas commercialisés.
A ce stade il est temps de choisir les filières à plus faibles impacts : donner, réutiliser, réparer ou fournir la matière écartée en l’état à d’autres industriels pour une réutilisation directe, sans transformation, plutôt que recycler ou incinérer qui génèrent immanquablement des GES !
Enfin, en aval, les entreprises délèguent généralement leurs déchets à des prestataires intermédiaires. Cette gestion participera encore une fois aux émissions de GES avec un nombre important de KM parcourus pour collecter les déchets et les acheminer vers les centres de tri / de conditionnement / de regroupement dans un premier temps puis, ensuite, vers les exutoires finaux (unités de recyclage, incinération, enfouissement).
L’INCINÉRATION : UNE FAUSSE BONNE IDÉE
L’enfouissement des déchets en CET (Centre d’enfouissement technique) concerne environ 35% du volume de déchets et émet environ 16% de méthane ; en cela, et pour d’autres raisons que nous ne détaillerons pas ici, ce type d’exutoire doit être banni.
Mais parlons de l’incinération. Elle est souvent présentée comme un moyen de « valoriser » les déchets puisque l’on parle communément de « valorisation énergétique ». Cependant :
- La performance d’un incinérateur n’a rien à voir avec celle d’une unité dont c’est l’objet premier. Son but est d’abord de détruire le déchet ce qui amène parfois à des situations ubuesques, lorsque par exemple l’on est obligé de rajouter du combustible aux déchets pour leur permettre de brûler (à force de retirer les plastiques et les cartons des déchets ils deviennent plus difficiles à incinérer) …
- Ensuite, pour mettre en marche un incinérateur, il faut de l’énergie et souvent de l’énergie fossile ;
- Enfin, et c’est évident, l’incinération produit des GES, et cela concerne également les incinérateurs de produits organiques. Même si ces derniers produisent de GES biogéniques et ne sont pas comptabilisés dans le bilan CO2 des pays, ils contribuent eux aussi au réchauffement climatique.
La France concentre un tiers des incinérateurs européens et favorise leur exploitation par divers mécanismes : subventions, tarifs de rachat préférentiels de l’électricité, montants faibles de TGAP (environ 5€/tonne versus environ 25€/T pour l’enfouissement – et 0€/tonne pour ce qui est recyclé ou valorisé).
Pour toutes ces raisons, l’incinération est plébiscitée mais est loin de répondre aux enjeux ; ne nous donnons pas bonne conscience en incinérant nos déchets !
ALORS QUE FAIRE ?
Il faut agir sur le VOLUME de déchets plutôt que sur les modes de traitement, et privilégier la réutilisation en l’état des matières.
Les solutions existent à tous les niveaux du process d’entreprise pour améliorer le bilan. Réduisez le transport, privilégiez le vrac, les eco-emballages et les achats durables, réutilisez les matières, réparez, travaillez avec des filières en direct et localement si possible, intégrez le Zéro Déchet à votre stratégie d’entreprise, etc. L’économie circulaire est LA solution pour ne pas transformer vos matières et vos ressources en déchets. Les exemples et les innovations sont infinis : du marc de café pour cultiver les champignons, des algues pour remplacer le plastique du coton tige, des tasses comestibles ou (exemple issu de notre expérience 😉), l’huile extraite de pépins de pommes utilisée en cosmétique…
Devant l’urgence climatique nous nous devons d’agir – d’autant plus que les solutions existent ! Chaque entreprise pourra et devra, avec ses parties prenantes, localement et à l’échelle mondiale, intégrer les différents leviers permettant de réduire ses déchets à la source. Elle apportera ainsi sa pierre à la lutte contre le changement climatique.