Pourquoi les acteurs de la supply chain serons des maillons incontournables de l’Economie circulaire

Si au siècle dernier les prestataires déchets étaient centraux dans le dispositif de collecte, de recyclage et d’élimination des déchets, leur rôle se transforme au 21ème siècle.

La multiplication des obligations de tri demande en effet aux producteurs de déchets un travail en amont qu’ils étaient peu à réaliser par le passé, ainsi que des investissements lourds dans les filières pour leur trouver des débouchés ; d’autre part la raréfaction des ressources entraîne des réflexions de circularité où le territoire, avec sa multitude d’acteurs (entreprises, collectivités, associations, acteurs de l’ESS…) redevient un écosystème au cœur des préoccupations – et des solutions.

PRODUCTEURS DE DÉCHETS FACE A LEUR RESPONSABILITÉ

Dans ce contexte, la nécessité pour les entreprises génératrices de déchets de mieux utiliser les ressources (matières premières + énergies) ne fait plus débat. Elle est nécessaire à la fois :

Pour réduire les coûts ou en garder la maîtrise, puisque le déchet est un gaspillage de matières mais aussi d’énergie puisqu’il aura fallu l’acheminer, un gaspillage de temps car des opérateurs l’auront manipulé, stocké, transporté, un gaspillage d’espace puisque la surface utilisée pour son stockage aurait pu être dévolue au produit fini, etc. Bref, un déchet est une non qualité qui doit être traquée au même titre que les autres.

Ensuite, pour satisfaire aux exigences des parties prenantes : si les clients tirent de plus en plus le marché vers des produits plus responsables, que ce soit au niveau social ou environnemental, ce ne sont pas les seul : les investisseurs demandent de plus en plus aux entreprises de montrer patte blanche en terme environnemental, puisqu’ils savent que le coût du risque d’une non maîtrise de ce point peut être faramineux (aussi bien en terme d’image de marque et donc de perte potentielle de parts de marché que de coût lié à une mise en conformité avec la réglementation/amendes).

Enfin, pour respecter le cadre de plus en plus strict de la réglementation. Il est par exemple désormais interdit d’enfouir et d’incinérer les matières valorisables les plus courantes (cartons, papiers, plastiques, métaux, verre) qui doivent être séparées à la source, chez le producteur. Avant pourtant, ce rôle pouvait être tenu par les prestataires déchets. Autres exemples : la matière organique doit retourner à la terre (séparation des biodéchets). Mais aussi : les invendus doivent être orientés vers des marchés de seconde main et sont/seront interdits de destruction (invendus de supermarché, mode, meubles..)

Mais résoudre l’équation n’est pas si simple…

Quelle opportunité POUR LES ACTEURS DE SC ?

Les entreprises se retrouvent donc dans une situation complexe où elles génèrent de nombreux types de déchets, matières, invendus… , qu’elles sont censées séparer sur place (ce qu’elles ne faisaient pas avant), avec une contrainte forte d’espace (qui dispose d’un espace pour séparer 5, 10, 15 types de matières ?), de temps (ce n’est pas leur métier) ni forcément les connaissances pour trouver les acteurs qui sauront reprendre ces matières au niveau local.

Prenez le cas d’un commerce de centre-ville, d’une PME implantée dans une ZAC, d’une grosse usine en périphérie, d’un agriculteur, d’un artisan… Tous ont des déchets mais les gisements peuvent être faibles, et surtout ils sont très diffus. Tout l’enjeu réside donc en la possibilité de les capter et de les regrouper au niveau local, pour les acheminer vers les filières ou centres de traitement dans un second temps. L’enjeu est donc avant tout logistique.

Et qui mieux qu’un acteur de la logistique, dont le métier est de livrer des centaines d’organisations chaque jour sur un territoire, pour récupérer ces matières et les regrouper sur sa base ? C’est le principe de la « logistique inversée », ou « Reverse logistic », où l’on va utiliser des flux existants pour mutualiser des services. C’est d’ailleurs ce que propose la Poste avec son service Recygo, qui permet, pour les entreprises, de profiter de la tournée du facteur pour faire collecter leurs déchets de bureaux.

L’entreprise productrice de déchets devra toujours séparer les différentes matières sur place, comme la réglementation l’impose. Cependant, elle pourra les évacuer très régulièrement, dans des volumes plus faibles (en confiant à son transporteur ses déchets triés du jour, de la semaine), ce qui lui permettra d’être conforme sans multiplier les contenants et les coûts. Elle bénéficiera de la mutualisation du transport avec d’autres entreprise ainsi que de l’effet volume, puisque le regroupement des matières en un point permet de négocier des conditions de reprise de ces matières beaucoup plus avantageuses. Enfin, son prestataire logistique lui retirera une épine du pied et ajoutera par la même occasion une corde à son arc en termes de services.

Le maillon manquant de l’Economie Circulaire

Si les solutions sont aujourd’hui nombreuses pour valoriser les matières et déchets, un des freins principaux réside toujours dans la collecte à coût raisonnable des gisements diffus.

Les acteurs de la logistique, avec un maillage territorial existant et dense, sont les mieux placés pour capter les matières valorisables produites par les organisations pour lesquelles ils réalisent des prestations. Une fois regroupées, ces matières devront être conditionnées, préparées et stockées avant d’être envoyées vers les filières ; les logisticiens pourront réaliser ces prestations eux-mêmes selon leur niveau de maturité, pour une partie, et s’appuieront sur d’autres acteurs, comme les prestataires déchets, pour le reste.

Les flux et les plateformes existent, utilisons-les au meilleur de leur potentiel !

Delphine Dugas

Directrice Associée en charges des Opérations

Pour aller plus loin :

Reverse logistique : https://retail-chain.fr/reverse-logistic

Recygo : https://www.actu-environnement.com/ae/news/recy-go-laposte-suez-collecte-dechets-papier-bureaux-30975.php4ations